Le camarade infidèle

Année: 1922

Auteur: Jean Schlumberger (1877 - 1968)

Éditeur: Éditions de la Nouvelle revue française

Le camarade infidèle, couverture

Le camarade infidèle de l'essayiste et romancier Jean Schlumberger est paru en 1922 à Paris aux Éditions de la Nouvelle Revue Française. Ce n'était pas son premier livre publié par cette maison d'édition, puisque l'ouvrage était déjà paru en 1911 sous le titre L'inquiète paternité. Depuis cette date, la plupart de ses œuvres devaient paraître à la NRF ou chez son successeur Gallimard, pour la bonne raison que Schlumberger était l'un des fondateurs de La Nouvelle Revue Française. Les autres fondateurs étaient: Jacques Copeau (1879-1949), André Ruyters (1876-1952), André Gide (1869-1951), Henri Ghéon (1875-1944) et Michel Drouin (1871-1943). Le premier numéro sortit en 1908, ce qui s'avéra être un faux départ. L'entreprise ne démarra réellement qu'en 1909 et la revue existe encore de nos jours. Aussi devint-elle le magazine littéraire français le plus important, le mot 'littéraire' impliquant davantage que la seule littérature; il couvrait également la critique, l'art, la philosophie et la politique. Schlumberger fit partie de la rédaction de 1909 à 1914.

Édition NRF/Gallimard

Gide et Schlumberger ont fondé les éditions NRF en 1911 avec Gaston Gallimard (1881-1975), afin de publier des livres écrits par des collaborateursde la revue. De telles maisons d'édition, fondées par des écrivains enthousiastes et résolus, n'ont généralement pas la vie longue, mais pour les éditions NRF il en fut tout autrement. Les premières publications de la NRF furent Isabelle de Gide, L'otage de Paul Claudel et La mère et l'enfant de Charles Louis Philippe en 1911. Pendant la Première Guerre mondiale les activités furent mises en veilleuse, mais Gallimard réussit à reprendre de Grasset les exemplaires invendus de la première partie de l'ouvrage À la recherche du temps perdu. Des milliers de pages de textes devaient encore suivre, qui constituaient ensemble l'œuvre maîtresse de Marcel Proust. Auteur et éditeur se virent rapidement récompensés, en 1919, par le prix Goncourt. Dans la même année, le nom de la maison d'éditions fut changé en Librairie Gallimard, dont Jacques Rivière devint le directeur. D'autres grands noms figurèrent plus tard sur la liste des membres de la direction, comme André Malraux, Jacques Schiffrin et Drieu la Rochelle. En 1961, la maison d'édition fut finalement baptisée Éditions Gallimard. Considérée comme la plus prestigieuse maison d'édition française, celle-ci publia entre autres des œuvres de Sartre et de Camus après la Deuxième Guerre mondiale et anima ainsi sans relâche les discussions littéraires.

La physionomie des livres parus à la NRF et chez Gallimard est aussi singulière que réputée: une jaquette blanche avec le nom de l'auteur, le titre et le nom de la maison d'édition, imprimés en partie en rouge. Le tout centré dans deux cadres: un cadre extérieur noir et un double cadre intérieur. Ce dernier est imprimé en rouge. Le premier livre de Schlumberger sorti à la NRF en 1911 avait déjà cet aspect et il fut imprimé par le concepteur lui-même: Edouard Verbeke (1881-1954) de l'imprimerie St. Catherine Press Ltd à Bruges. L'imprimerie fut vendue plus tard à Gallimard, mais elle garda une certaine indépendance. Le camarade infidèle fut imprimé en 1922 par l'imprimerie Paul Pigelet & fils à Orléans. Les livres de la NRF furent imprimés plus tard par différents imprimeurs mais malgré cela, les cadres particuliers sur la couverture leur donnaient un aspect uniforme. L'emblème de l'éditeur, les lettres NRF écrites en italique, avait été dessiné par Schlumberger. Au début les livres n'étaient pas reliés mais brochés. Plus tard, dans les années cinquante, la NRF publia une série conçue en reliures par Paul Bonet et d'autres encore. C'était des reliures cartonnées, décorées avec des motifs modernes et colorés. Elles sont très recherchées par les collectionneurs. Parallèlement sont parues toutes sortes de séries - d'une physionomie reconnaissable- de sorte que la maison d'édition maîtrisait un grand nombre de genres du livre littéraire.

 

Les mensonges héroïques

Schlumberger écrivit une série de romans psychologiques centrés sur des individus et restituant au passage leur entourage, généralement leurs familles. Dans ce livre, l'action se déroule principalement par le biais des dialogues. Le thème de ces romans était typique pour la période suivant la Première Guerre mondiale: la mort soudaine d'un soldat, qui devient ainsi le héros qu'il n'était pas avant. En vérité il n'est pas mort en héros mais il a succombé pendant la retraite. Pour l'un des membres de sa famille, un vieux général, il est maintenant un héros; pour les autres soldats il est un brave garçon; sa femme, cependant, ne garde de lui que l'image q'elle s'en faisait avant la guerre- c'est-à-dire celle d'un homme ordinaire. Tous se demandents'ils doivent s'en tenir à l'idée qu'ils ont de lui. Thomas, son frère, livre finalement son propre combat, qui semble trop idéaliste aux yeux des autres. Il fait tout un discours sur les mensonges héroïques et estime que personne n'a droit à de tels mensonges et que par ailleurs, toute personne qui se compromet oublie que le désir de connaître la vérité finit toujours par l'emporter.

Deux exemplaires

L'exemplaire de la Collection Koopman est le numéro 719 des 790 sur papier vélin pur fil Lafuma et fait partie de ce fait de l'édition originale. Ce n'est pas tant la véritable première impression que le tirage de luxe de la première impression. Parfois, de tels tirages partiels sont imprimés en formats plus grands, comme cela peut se lire dans l'achevé d'imprimer: 'après impositions spéciales 108 exemplaires' ont été imprimés 'in-4º tellière'. Cela veut dire que pour 108 exemplaires la mise en page a été refaite, avec des marges plus larges, et imprimée en format in quarto, au lieu du format in octavo usuel. Cet exemplaire comporte un envoi simple- convenu- de Schlumberger à Koopman.

Dans la Collection Koopman se trouve encore un second exemplaire de ce livre, de la 15e édition, également avec un envoi autographe de l'auteur à L.J. Koopman. Ce second exemplaire (cotation KW Koopm P 129) fait partie de la collection appelée Collection Personnelle, comprenant des livres qui pour des raisons diverses étaient spéciaux pour Koopman, notamment parce qu'ils représentaient le lien entre Koopman et Anny Antoine, comme les pièces de théâtre qu'ils avaient vues ensemble. En l'occurrence, la raison pour laquelle le seconde exemplaire de ce petit livre de Schlumberger est compté parmi les ouvrages de cette catégorie n'est pas claire.

Description bibliographique

Description: Le camarade infidèle / Jean Schlumberger. - Éd. orig. - Paris : Éditions de la Nouvelle revue française, 1922. - 197 p. ; 20 cm

Imprimeur: Paul Pigelet & fils (Orleans, Loiret)

Tirage: 898 exemplaires

Exemplaire: No. 719 des 750 sur papier vélin pur fil Lafuma

Note: Envoi autographe de Jean Schlumberger à Louis Koopman

Bibliographie: Mahé III-400

Cotation: KW Koopm C 40

Cotation du second exemplaire: KW Koopm P 129

Références bibliographiques

  • Auguste Anglès, André Gide et le premier groupe de La Nouvelle Revue Française. Paris, Gallimard, 1978-1986
  • Paul van Capelleveen, Sophie Ham, Jordy Joubij, Voices and visions. The Koopman Collection and the Art of the French Book. The Hague, Koninklijke Bibliotheek, National Library of the Netherlands; Zwolle, Waanders, 2009
  • Paul van Capelleveen, Sophie Ham, Jordy Joubij, Voix et visions. La Collection Koopman et l'Art du Livre français. La Haye, Koninklijke Bibliotheek, Bibliothèque nationale des Pays-Bas; Zwolle, Waanders, 2009
  • Marie Delcourt, Jean Schlumberger: essai critique. Paris, Gallimard, 1945
  • André Gide, Jean Schlumberger, Correspondance 1901-1950. Paris, Gallimard, 1993
  • Jean Lambert, Remarques sur l'oeuvre de Jean Schlumberger. Lyon, Centre d'Études Gidiennes, 1999