Le livre de Christophe Colomb

En commémoration du cinquantième anniversaire de la mort de Paul Claudel, Le Monde avait dédié un page complète au célèbre auteur. Claudel nous a légué une œuvre gigantesque, principalement composée de textes de théâtre, mais, comme le quotidien l'écrivait en gros titre, c'est un héritage contesté. La célébrité ne va pas forcément de pair avec la popularité, et un demi-siècle après sa mort, Paul Claudel est surtout considéré comme un écrivain catholique réactionnaire prolixe, pour lequel on n'a plus le moindre intérêt. Jusqu'au moment où l'on relit son œuvre avec attention et où l'on découvre chez l'auteur des aspects inattendus, plus libres, et des contradictions intéressantes.

Une pièce de neuf heures d'affilée

L'une des raisons pour lesquelles les pièces de théâtre de Claudel suscitent beaucoup d'aversion est qu'elles durent plusieurs heures. On peut citer en exemple des représentations qui ne prirent pas moins de neuf heures. Ces œuvres sont en fait davantage adaptées à la lecture. C'est dans cette intention que l'édition du drame lyrique Le livre de Christophe Colomb fut distribuée en 1933. Cet ouvrage, qui a pour objet le voyage 'd'inspiration divine' de Christophe Colomb, fut illustré par Jean Charlot en noir, rouge et bleu. Sa typographie est assez inhabituelle pour une pièce de théâtre: les divers personnages sont indiqués dans un texte continu et les indications de mise en scène sont placées en partie dans la marge, comme dans un manuscrit moyenâgeux. Cela s'accorde bien avec le texte de la pièce qui, comme dans un oratorio, est accompagné d'une voix off.