Toute fleur n'est que de la nuit
Année: 2001
Auteur: Philippe Jaccottet (1925 - 2021)
Artiste: Denis Brihat (*1928)
Éditeur: Fata Morgana
Sujets humbles
Denis Brihat désire que ses photos ornent un mur comme une 'décoration poétique' et a fui la photographie commerciale très tôt dans sa carrière. Il a déménagé à Bonnieux, un petit village de Provence au milieu de la nature, afin de travailler sur des 'détails de la nature, des fleurs ou des légumes, plus des portraits d'éléments de nature que des natures mortes'.
Les photographies dans *Toute fleur n'est que de la nuit *représentent des baies sur des branches, des feuilles et des fleurs dans des teintes sépia, noir, blanc et argent. Même s'il semble parfois s’agir de 'sujets […] humbles', déclare Brihat, ils 'sont tout de même un univers'. Pour décrire la puissance de l'œuvre de Brihat, on a souvent recours à la caractéristique citation de Flaubert: 'Pour qu'une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps.' C'est une idée similaire qui émane du poème de Jaccottet 'Oiseaux, fleurs et fruits', par lequel débute cet ouvrage. 'Toute couleur, toute vie naît d'où le regard s'arrête'. Brihat considère qu'il est de son devoir de découvrir et de révéler la riche beauté de la nature. Pour lui, la photographie est la somme de techniques mécaniques, chimiques et optiques. Les procédés longs et intensifs dont il se sert font partie de cet artisanat qu'est, selon lui, la photographie. Brihat a, entre autres, expérimenté avec différentes techniques de teinture, afin d'ajouter artificiellement de la couleur à des photos qui étaient à l'origine en noir et blanc. Les photographies dans *Toute fleur n'est que de la nuit *ont également été colorées à l'aide de sels de métaux tels que l'or, le cuivre et le sélénium. La gélatine de la couche supérieure des photos a subi un traitement chimique de façon a donner aux épreuves davantage de luminosité et de profondeur.
Les commentaires insistent sur les qualités poétiques et délicates de son œuvre: 'Chacune de ses photos est un poème, presque un haïku', écrit Sue Davies. Candace Dwan, quant-à elle, note: 'La pureté zen de son regard et un sens de la délicatesse et du sublime résonnent à travers son œuvre'.