Les mains libres

Année: 1937

Auteur: Paul Éluard (1895 - 1952)

Artiste: Man Ray (1890 - 1976)

Éditeur: Jeanne Bucher

Les mains libres, couverture

A l'époque où Man Ray arrive à Paris pour la première fois, le 14 juillet 1921, le poète Paul Éluard prend déjà ses repas avec les surréalistes Breton, Aragon et Soupault. Cela se passe au café Certà où tous les jeunes dadaïstes et surréalistes se retrouvent pour discuter. A ce moment là, Éluard n'est plus le poète isolé, torturé par des amours désespérées et miné par une mauvaise santé. A l'époque tumultueuse des années vingt, il réussit au sein de ce groupe à devenir un poète surréaliste engagé. Malheureusement pour Éluard, les crises de solitude continuent. Salvador Dalí lui a pris Gala (Helena Diakonova), son amour de jeunesse.

Rayographies

Le soir de son arrivée à Paris, Man Ray est présenté par son ami Marcel Duchamp, à Éluard et aux autres surréalistes. Pourtant, ce n'est qu'entre 1934-39 qu'une vraie amitié s'établit entre le poète et l'artiste américain. Man Ray commence, comme tout enfant, à peindre à l'âge de 5 ans. Selon ses dires, il est admis à l'académie des Beaux Arts à l'âge de 7 ans. Il ne s'est pas cantonné à la peinture. Suite à ses expériences avec des objets et des nouvelles techniques, aidé par le destin et le hasard, il obtient une certaine renommée par son invention des 'Rayographies'. C'est une technique photographique qui consiste à déposer des objets sur du papier photographique sensible et ensuite ces objets y laissent leur empreinte pendant le développement.

Les mains libres

Moins connus sont les 54 dessins de Man Ray du livre Les mains libres qui ont été 'illustrés' (traduits en paroles) par des poèmes souvent courts et poignants. Grâce à son langage sobre et élémentaire, Éluard paraît la personne appropriée pour 'illustrer' l'art plastique de Man Ray. Ainsi, le lecteur est libre d'interpréter à sa façon le texte et l'image. L'un des poèmes s'intitule "Histoire de la science" et commence comme suit :

Tu redoutes les hommes

Méfie-toi du feu

et se termine par:

Invente perpétuellement le feu

L'air la terre et l'eau

Sont des enfants

Aussi bien chez Ray que chez Éluard, le thème principal reste ici 'la liberté'. Le titre Les mains libres ne signifie pas seulement 'mains libres', mais donne également 'carte blanche' à l'imagination, la main du dessinateur et l'esprit du poète. Le recueil se termine sur deux portraits du Marquis de Sade, accompagnés de 2 poèmes à tendance polémique. L'édition contient également 10 portraits et dessins sans texte, sous le titre de 'Portraits' et 'Détails'.

Cet exemplaire de Les mains libres contient en outre une dédicace de la main de Man Ray adressée à son élève-photographe Florence Meyer. Celle-ci jouait du violon, faisait des études de danse et de théâtre. Mais c'est comme photographe-portraitiste de célébrités de son époque, comme Judy Garland, Vladimir Horowitz et Thomas Mann qu'elle se fera connaître. Plus tard, elle devient l'épouse de l'acteur Oscar Homolka.

Description bibliographique

Description: Les mains libres : dessins / Man Ray ; illustrés par les poèmes de Paul Éluard. - Paris: Jeanne Bucher, 1937. - 176 p., [14] bl. pl. : ill. ; 29 cm

Imprimeur: Henri Jourde (Paris)

Tirage: 675 exemplaires

Exemplaire: No. 316 des 650 sur papier Chester vergé

Note: Envoi de Man Ray à Florence Meyer

Bibliographie: Bénézit 9-120 ; Hogben 104 ; Monod 4217

Cotation: KW Koopm K 306

Références bibliographiques

  • Paul van Capelleveen, Sophie Ham, Jordy Joubij, Voices and visions. The Koopman Collection and the Art of the French Book. The Hague, Koninklijke Bibliotheek, National Library of the Netherlands; Zwolle, Waanders, 2009
  • Paul van Capelleveen, Sophie Ham, Jordy Joubij, Voix et visions. La Collection Koopman et l'Art du Livre français. La Haye, Koninklijke Bibliotheek, Bibliothèque nationale des Pays-Bas; Zwolle, Waanders, 2009
  • Jean-Charles Gateau, Paul Éluard et la peinture surréaliste (1910-1939). Genève, Droz, 1983
  • Jean-Charles Gateau, 'Paul Éluard', in: Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours. Paris, Presses universitaires de France, 2001, p. 232-238
  • Annick Lionel-Marie, Paul Éluard et ses amis peintres, 1895-1952. Paris, Centre Georges Pompidou, 1982
  • Man Ray. Marina Vanci-Perahim (Red.). New York, Cameo/Abrams, 1998
  • Arturo Schwarz, Man Ray: Rigour of imagination. London, Thames & Hudson, 1977
  • Violaine Vanoyeke, Paul Éluard: Le poète de la liberté. Paris, Julliard, 1995