La main sur le mur

Michel Butor est tout d'abord devenu célèbre en tant que maître du nouveau roman, mais ces dernières années, il n'écrit plus que de la poésie. Les poèmes sont 'mobiles', dit-il, ils représentent mobilité et métamorphose pour 'le nomadisme de l'esprit'. Ce sont en partie des poèmes qui naissent spontanément au cours de promenades en forêt, mais Butor écrit en général à la demande d'un peintre, d'un graphiste ou d'un sculpteur. Sa bibliographie compte plus de mille publications, dont certaines accompagnent les œuvres d'art de Pierre Alechinsky, Gregory Masurovsky et Henri Maccheroni, par exemple.

Un autre artiste avec qui Michel Butor a beaucoup travaillé est Julius Baltazar (pseudonyme de Lambion Gilles). Leur collaboration a commencé après une rencontre en 1978, et ils ont produit ensemble des dizaines de livres et d'œuvres d'art, souvent des petits tirages exclusifs (parfois en deux exemplaire seulement), dont les textes sont tantôt imprimés, tantôt écrits à la main par Butor. La main sur le mur fut publiée en soixante exemplaires à l'occasion d'une exposition à la galerie Lorelei (Bruxelles), chacun accompagné d'une pointe sèche originale gravée sur PVC par Baltazar. C'était la première édition de ce poème, qui fut plus tard publié dans le recueil La forme courte (1990). Ce dernier est caractéristique des idées de Butor, qui considère cette forme 'courte' de la poésie comme un gros avantage dans une époque éphémère: 'La poésie, c'est le haïku du quotidien.'