Première visite de Marcel Proust, suivi de quelques lettres inédites de Marcel Proust

Le livre de luxe était extrêmement populaire en France au cours des années 1920. Le nombre d'associations de bibliophiles était à l'avenant. Il en existait de toutes sortes et de toutes tailles, comme par exemple la Société des Bibliophiles Français, fondée en 1820.

Certaines associations avaient une profession comme dénominateur commun (la Société des Médecins Bibliophiles), la possession d'une voiture (Les Bibliophiles de l'Automobile-club de France) ou le sexe (Les Cent Une: Société de Femmes Bibliophiles). L'une des dernières associations- dans les années 1950 et 1960- était davantage un canal de vente: le Club des Libraires de France. La plupart de ces organisations ont aujourd'hui disparu.

Les associations de bibliophiles n'étaient pas fondées dans le seul but de discuter de livres. Presque toutes en publiaient également elles-mêmes, se basant en général sur le goût du plus grand nombre. Ceci était valable pour la typographie, pour l'illustrateur et également pour le texte sélectionné. Bien que ce soient des ouvrages qui ne sortent souvent pas de l'ordinaire, ils représentent malgré tout des objets de collection intéressants, à cause du soin apporté à ces éditions, qui paraissaient en outre à un nombre limité d'exemplaires.

Le Club des Bibliophiles, qui demanda à Paul Morand de publier les souvenirs qu'il avait de Marcel Proust, ne comptait apparemment pas plus de 150 adhérents, puisque cela correspond au nombre d'exemplaires qui en furent tirés. On peut dire que la typographie, soignée, est de style classique moderne, bien que dans l'exemplaire présent le texte imprimé en rouge dans le colophon soit de travers par rapport au reste. L'emblème du club est un cheval ailé, Pégase.

Les lettres sont extrêmement polies. Morand veut inviter Proust à dîner, en compagnie de la princesse Murat, mais pas tout de suite, parce qu'il est trop occupé - et cela en tant de mots qu'ils remplissent une page entière.