Cimetière marin

Année:
1945
Auteur:
Paul Valéry (1871 - 1945)
Artiste:
Gio Colucci (1892 - 1974)
Éditeur:
À l'enseigne de la Trirème
Page de titre de Paul Valéry, Cimétière marin (1945)

Dans cette édition du Cimetière marin à la forme exceptionnelle, 28 ornements sont utilisés pour compléter une ligne sur deux, parfois en combinaison avec une ou deux autres figurines. On y trouve des animaux aquatiques, des dieux marins, des sirènes et des fleurs, ornements dont la longueur varie entre 5 et 60 millimètres. La combinaison la plus longue remplit plus de deux tiers de la ligne, soit 84 sur 120 millimètres.

Une typographie décorative

Le texte est entièrement composé en lettres capitales, maigres, allongées et sans empattements. Chaque strophe commence par une capitulaire majuscule, sans empattements, imprimée en bleu. Chaque vers débute par une petite majuscule, également linéale, et imprimée en bleu et de nombreux vers se terminent par un point d’exclamation imprimé en bleu. La couleur bleue au début et à la fin du vers accentue la composition en carré. Cette régularité apparente est rompue par la césure des mots et par l’emploi, tous les deux vers, de petites ornementations. L’utilisation de ces éléments décoratifs semble arbitraire et en tout cas, elle n’est pas destinée à étoffer la ligne ou à la couper d’une manière logique.

Outre ces décorations, il y a des illustrations en pleine page dans des teintes pastel, avec des lignes noires faisant contraste. Ces lignes ont été imprimées en premier. Dans la”suite” de cet exemplaire, les illustrations témoignent d’un stade antérieur où seules figurent les lignes noires, sans les couleurs. De là il ressort que ces lignes servent seulement à souligner: sans les couleurs, elles sont réduites à peu de chose, voire dans un cas, à un trait unique. Sans sa couronne jaune et ses dents jaunes pointues, le roi défunt qui illustre la strophe “Maigre immortalité noire et dorée…”n’est rien de plus qu’un visage.

Commencement et fin

Le dernier vers du poème: “Ce toit tranquille où picoraient les focs” est une variation sur le premier vers: “Ce toit tranquille où marchent les colombes”, métaphore pour évoquer la mer. Comme le dernier vers, la dernière illustration, représentant une maison dont le toit est remplacé par la mer, renvoie à ce premier vers.

Ce n’est pas la toute dernière illustration du recueil, le poème se clôt sur une image de la mer où figure lemot “Fin”. Puis lui succède l’illustration du colophon. Le texte s’inscrit dans les contours d’un sapin en surimpression sur une illustration représentant un autre sapin. A l’arrière-plan on trouve différents arbres dans les teintes pastel utilisées par Colucci pour l’ensemble du recueil, soulignées par un jaune vif. L’artiste utilise en outre des combinaisons de couleurs surprenantes, telles que du rose et du vert.

La vie de Gio Colucci

Colucci était né à Florence. Il fit des études d’architecture à Paris et fut architecte au Caire pendant la Première guerre mondiale; par la suite il développa des talents de peintre et de céramiste. Il a illustré de nombreux ouvrages qu’il a lui-même publiés en grande partie, avec des textes entre autres de Dante, Barbey d’Aurevilly et de Pierre Loti. Le style de ses illustrations est très varié.

On sait peu de choses sur sa vie. Dans l’annonce de la vente aux enchères qui eut lieu à l’hôtel Drouot le 1er mars 1971, Guy Dormand le décrit ainsi: un chrétien fasciné par le bouddhisme, qui, pendant les quinze années où il réalisa des gouaches, est passé d’un expressionnisme dans le style d’un Charles Dufresne à une énorme euphorie de couleurs. Ses œuvres témoignent d’un talent qui le place parmi les artistes les plus originaux de son temps.

Description bibliographique

Description:
Cimetière marin / Paul Valéry ; ill. par Gio Colucci. - [Paris] : À l'enseigne de la Trirème, 1945. - [55] p. : ill. ; 34 cm. - (Monumentale ; 3)
1re édition:
1920
Imprimeur:
P. Mersch, L. Seitz & Co., Parijs (texte) ; Gio Colucci (illustrations)
Tirage:
160
Exemplaire:
No. J des 10 sur papier d'Arches, avec une suite sur papier pur chiffon et une illustration supplémentaire signée
Bibliographie:
Carteret IV-385 ; Monod-10867
Cotation:
KW KOOPM K 346

Références bibliographiques

  • E. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d'écrivains spécialistes français et étrangers; 3, Paris, Gründ, 1999
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Paris, Gründ, 2001
  • Marcus Osterwalder, Dictionnaire des illustrateurs; III, Paris, Bibliothèque L'Heure joyeuse, 2005