Le livre de la vérité de parole

Année: 1929

Auteur: Joseph-Charles-Victor Mardrus (1868 - 1949)

Artiste: François-Louis Schmied (1873 - 1943)

Éditeur: F.-L. Schmied

Page de titre et colophon signé par F.L. Schmied (p. [2]-[3])

François-Louis Schmied récolta des éloges lors de la publication de Daphné (1924). La même année, ce graveur de style art déco, illustrateur, typographe, imprimeur, relieur et éditeur se lia d’amitié avec le docteur Joseph-Charles Mardrus, médecin, orientaliste et traducteur. Schmied et Mardrus partageaient une même sensibilité littéraire, ce qui garantissait une coopération harmonieuse. Mardrus traduisit les contes des 1001 nuits en français et Schmied fournit pour ce livre la traduction des textes de l’ancienne Egypte du Livre de la vérité de parole.  Il s’agit d’un livre funéraire, dont chaque chapitre commence, telle une porte s’ouvrant sur l’éternité, par l’incantation : ‘O formes d’éternité me voici’.  Ils sont accompagnés de stèles graphiques de la main de Schmied.

Ambition, dévotion et perfectionnisme

Schmied débarqua à Paris en 1895, jeune étudiant suisse des Beaux-Arts.  En tant qu’artiste débutant, il se fraya avec difficulté un chemin à travers l’étourdissante jungle culturelle de la fin du siècle. Mais le jeune Schmied avait déjà réussi à échapper au destin que son père, cultivateur de plantes d’ornement, lui réservait en tant que son successeur. Il pouvait maintenant se consacrer exclusivement au livre comme objet d’art. Ainsi prenait-il des leçons de dessin le matin, entre six et huit heures, avant d’accomplir ses obligations quotidiennes. Une fois son travail terminé, il reprenait sa plume de dessinateur entre huit et dix heures du soir. Pendant ses études à l’École des Arts Industriels de Genève, Schmied avait réussi à se former, dans l’art de la gravure sur bois en particulier, grâce à une ambition, une dévotion et un perfectionnisme démesurés. Son amour du livre avait été attisé par Alfred Martin, un professeur enthousiasmant, et par Auguste Lepère, l’un des premiers ‘artistes du livre’. Afin d’alimenter sa passion, Schmied recherchait son inspiration à la bibliothèque de Genève, dans d’anciens manuscrits et incunables et dans des éditions du XVIème siècle provenant de Lyon, après Paris la principale ville où furent imprimés les premier livres.

Jours de gloire pour l’Atelier Schmied

Après une longue période de vaches maigres et de travail acharné, la réussite vint à Schmied. Son fils Théo vint l’assister dans l’atelier. Sa collaboration avec les artistes Dunand, Goulden et Jouve contribua à son succès. Ils exposèrent ensemble à la Galerie Petit, en quatuor, ce qui profita essentiellement à Schmied sous la forme de commandes. Il est vrai qu’après avoir déménagé en 1922 d’une petite pièce sous les combles à un imposant bâtiment de quatre étages, cet artiste touche-à-tout disposait maintenant d’un excellent atelier. La maîtrise qu’avait Schmied de tous les métiers du livre offrait des chances prodigieuses à son atelier. Sa prédilection pour les récits romanesques entourés de décors fantastiques et les bons rapports sociaux qu’il entretenait avec ses amis artistes, ses apprentis et ses employés contribuèrent également à la gloire de l’Atelier Schmied. La perte d’un oeil au cours de son service militaire pendant la Première Guerre mondiale n’y changea rien.

L’architecture du livre

Les maquettes pour cette édition du Livre de la vérité de parole furent exposés en 1926 à la Galerie Petit. L’ouvrage a été imprimé par les élèves de Schmied et par son fils Théo. Les nombreux états ou passages à la presse des gravures sur bois, nécessaires à cause de la composition complexe des différentes couleurs du texte, des illustrations et des ornements, prirent énormément de temps. C’est la raison pour laquelle le livre ne parut que trois ans plus tard. L’influence de ‘l’architecture du livre’ moyenâgeuse et renaissante, qui transparaît également dans Le livre de la vérité de parole, est reconnaissable aux lettrines, aux ornements et aux surfaces décoratives qui rendent ce livre d’artiste de Schmied si beau et si précieux.

Dernière page avec texte: 'C'est fini'

Description bibliographique

Description: Le livre de la vérité de parole / transcription des textes Égyptiens antiques par J.-C. Mardrus ; établie par F.-L. Schmied – Paris : F.-L. Schmied, 1929 – [103] p., [12] bl. pl. : ill. ; 35 cm

Imprimeur: F.-L. Schmied (Paris)

Tirage: 150 exemplaires

Exemplaire: No. 57 des 150 sur papier filigrané Arches.

Note: Sous chemise éditeur

Bibliographie: Bénézit 12-472 ; Carteret IV-264 ; Prout II-29-07

Cotation: KW Koopm K 389

Références bibliographiques

  • Danielle Buyssens, François-Louis Schmied: Le texte en sa splendeur. Lausanne, La Bibliothèque des arts, 2001
  • Anne Bony, 'L'Atelier Schmied', dans: Art et Métiers du livre, 177, (1993), p. 2-35
  • Paul van Capelleveen, Sophie Ham, Jordy Joubij, Voices and visions. The Koopman Collection and the Art of the French Book. The Hague, Koninklijke Bibliotheek, National Library of the Netherlands; Zwolle, Waanders, 2009
  • Paul van Capelleveen, Sophie Ham, Jordy Joubij, Voix et visions. La Collection Koopman et l'Art du Livre français. La Haye, Koninklijke Bibliotheek, Bibliothèque nationale des Pays-Bas; Zwolle, Waanders, 2009
  • Raymond Hesse, Le livre d'art du XIXe siècle à nos jours. Paris, La Renaissance du Livre, 1927